10.17.2006







LES DIAGONALES DU INTERVENTON 4, '88.



GROUPE ARKA - Italie

MASSIMO ZANASI, BASILIO SCALAS, PAOLA CAO, ANNA NIEDU

Angelus Novus est surtout poésie, mais cette "poésie" est écrite avec le langage de la peinture, de la musique, de la littérature et du théâtre, de maniere à déborder les frontières de la "spécialité" et à retourner à un concept unìtaire de I'oeuvre d'art, celui dans lequel tous les arts ("musicoi" pour les grecs) expriment contemporainement les significations les plus profondes de I'existence.
( extrait)





***

TARA BABEL - Irlande du Nord/Angleterre

Un décor approximatif qui représente un salon ordinaire
comme on en voit dans les feuilletons télévisés à l'eau rose.
Une reproduction d'une de ces maisons construites et louées en série
par les municipalités,
avec deux pièces au rez-de-chaussée et deux pièces au premier.
Là-bas, le solon rapetissait peu à peu
au fur et a mesure qu'on retapissait avec du papier peint épais
sans enlever les couches précédentes.
Cette piece m'a toujours fasciné quand j'étais gamine:
l'odeur du tabac, de l'encaustique, des tripes qui cuisent dans le lait,
des pieds de porc froids.
Il y avait une moquette rouge de mauvais goût, sans jamais une tache, et dont les motifs contrastaient douloureusement avec le papier peint.
Et encore d'autres décorations:
de faux ornements Capi di Monte sur une télé trop grande pour la piece
et un bocal a bonbons toujours inaccessible pour moi.


Les spectateurs regardent la scène du point de vue d'une caméra qui tourne pour la télévision.
Mon rôle est celui d'une femme au foyer
dont la jounée se déroule au travers de plusieurs rituels domestiques,
exagérés et juxtaposés dans l'espace clos.
Frustration, indifférence, routine, séduction et rejet ultime du rôle,
sont exploités à l'aide d'actions et d'objets dans l'espace.
La pièce est décorée avec du papier peint et des ornements ringards,
des objets et des images liés à mes racines à Belfast, Irlande du Nord,
oppositions d'images protestantes et catholiques: le trèfle, le lys orange,
des portraits de la reine et du pape,
une longue écharpe en train d'etre tricotée avec les couleurs du drapeau britannique entrelacées au drapeau irlandais tricolore.



La journée commence le matin,
je prends mon petit déjeuner en robe de chambre en nylon.
Puis la journée progresse avec le ménage,
calme et frénétique à la fois: vaporiser du désodorisant, passer I'aspirateur,
cirer des bottes militaires et des talons aiguilles.
Se vernir les ongles et préparer le dîner.
Les actions sont improvisées et spontanées, maniaques et normales.
Avec le jour qui tombe, je me prépare pour me transformer en épouse sexy
prète pour sortir pour la soirée,
ce qui indique la fin de la performance quand je m'en vais habillée et prete a tout.


Le contact avec le public est indirect:
je reste distante et hallucinatoire, un mirage domestique,
plénitude domestique, terreur contemporaìne,
vie à haute technicité et sensibilité au rabais,
perdue dans un grand aspirateur noir.
Tout le confort moderne se dissout dans une camelote de métal blanc domestique.
Le rituel terre-à-terre cotoìe la falle accrue,
le mirage vacille, le foyer devient un mémorial
et l'individuel devient une production de masse.


(traduction: R. U. Sevol et Jacques Massa)


***

ROBERTO BARBANTI - Italie

La science, nouveau mythe de la modernité, est une science de l'oeil.
L'oeil éloigne, entraîne une illusion - totalisante -
de séparation entre l'observateur et l'observé, en la praduisant.
Se doter d'une science inactuelle, une science po-éthi-que,
signifie affirmer l'exigeance d'une spéculation qui absorbe l'observé
dans la contemplation de celui qui observe ou,
pour employer une formule qui utilise des métaphores acoustiques et non visuelles: une science qui "sente" et "écoute",
puisque dans le monde acoustique la distance est lien,
union indissociable.


Désormais
nous avons conscience que la seule façon de survivre
est d'avancer dans le praéessus (J. Testard)
que nous savons nous amener à la catastraphe.
En dehors de ce mécanisme barbare et évolutif
aucune forme de survie n'est possible.
Mais cette voie de non-retour, si assumée consciemment,
nous permet de déchirer le voile totalisant du "réel".
Le sentiment de la défaite nous rend poétiques
parce que l'idée de la mort met radicalement fin
a n'importe quelle forme de compétitivité.


Quand Peter Stembera,
il y a plus de dix ans,
provoquait chez lui une infection généralisée
dans la tentative de se greffer une rose dans le bras,
il réalisa l'unique acte profondément scientifique aujourd'hui possible.
La rose dans la chair:
ceci est la démonstration du poétique,
le théorème de l'irriductibilité,
la mathématique de l'utopie,
la rigueur de la passion,
l'algebre de la beauté.




La déprofessionnalisation pour le sourire
passionné et tendre. (Fluxus)
L'abandon poétique à la beauté. (Cage),
L'artiste comme producteur de modèles anthrapologiques/existentiels. (Costa)
La vie comme systeme d'activité de changement potentiel
en opposition à la mort
en tant que changement accompli. (Acconci),
L'imaginal comme puissance révolutionnaire. (Beuys)
Je fais presque tout le temps du cinéma mais je sors toujours (Duchamp).
"Le flambeau n'éclaire pas sa base." [proverbe arabe]


(extrait)

***

MARCELLE VAN BEMMEL - Hollande



Les éléments visibles de l'art
sont des signes d'un vaste monde invisible.


***

Hernani Cor - Portugal

Dédale,
d'un mouvement rapide,
comme une colombe qui vient se poser en volant,
descendit en planant sur la terrasse.
Le frère et la soeur coururent lui embrasser les mains.


- Et Icare ? crièrent-ils. Et Icare?
Deux larmes roulèrent des yeux du vieillard.
-Il s'est noyé ... dit-il, et sa voix s'étrangla.
- Noyé?


Les larmes jaillirent dans les yeux de nos amis.
Le monde s'obscursit. Le vieux Dédale réussit à parler.


-Il n'a pas écouté mes conseils.
Nous volions tranquillement au-dessus de la mer, bas,
mais il ne cessait de regarder le soleil et volait s'élever...
Je l'appelais, je le suppliais ...
mais comment aurait-il entendu?
Il paraissait ivre, il s'éleva tres haut,
et le soleil fit fondre la cire qui collait ses ailes,
et les ailes se fermèrent et mon fils tomba dans la mer ...


La voix du vieil homme s'étrangla encore.
Et soudain il se débarrassa de ses ailes,
se jeta sur elles et les réduisit en mille morceaux.
Les ailes volèrent et s'éparpillèrent
en bas sur les toits et les cours.


(Nikos Kazantzaki, le Palais de Mines.)



***

Carquille et Thivole - France



~~~~~~~~~~ La Destination~~~~~~~~~~

***

Françose Dubost et Daniel Marque - France

Tryptique (2e partie)
Délire de dire (suite)
Handicapés, munis de protheses,
les bergers d'acier nocturnes dévalent parmi les néons verts des cêdres parfumés.
Leurs bestioles hypnotisées par une nuit étoilée.
Titubantes, somnanbules, dressées,
tendues sur leurs quatre jambes cille des liytibs d'argiles, ruminent.
Décorées de colliers de bois secs,
elles soutiennent de lourdes, de larges cloches,
d'où sortent des sons chauds, métalliques, sonnants, dissonnants, lancinants.
L'eau des fontaines calmes des bistrots où viennent s'abreuver les bergers de la nuit,
éclairés par une lune bleue,
émet des reflets colorés sur leurs visages graves comme des vagues rieuses.
Le silence sonore des bois blancs qui s'entrechoquent doucement s'arrete.
Mais déjà le silence est troublé,
car le matin vient de violer la nuit,
et quelques pins saccagés éblouis, sont alors envahit de soleil.
Chaque être du point de vue des symboles,
tient à la fois du masculin et du féminin, comme du soleil et de la lune.
Chez les Banbaras (Sénégal), la jambe comme la verge est un symbole de vie.
Mettre sa jambe à nu signifie montrer sa puissance et sa virilité.
La jambe organe de la marche
est un symbole du lien social.
Métalliques sonnants dissonants,
elle dit: dis sonnants, lancinants, elle s'élance.
Elle dit: le silence sonore... elle s'arrête car déjà le silence est troublé
(ce silence est troublant car le matin vient violer la nuit.)
La jambe comme la verge, la vie à nu.
Le vite à nu.
Tout haut parleur, vite, et dépend de celui qui l'écoute.
Organe de la marche un symbole du lien social.
De ce qui nous lie.
De ceux qui nous lisent, élise.
Plus vite.
Les bergers se meuvent.
Les bergers.
Et mouvoir.
Plus vite.
Munis de protheses, infirmes.
Sans sons sent.
Thèses.
Au premier sang, on s'arrete.
On reprend. On découpe.
Le tambour perfore le silence sans même que l'on devine.
La cohorte des bergers d'acier
nocturnes somnanmbules
leurs bestioles ruminent
(grumble grumble)
en silence.
Toute de bien entendu.




***

François Evangelésti - France

Il est un falt indéniable:
les formes, les matieres, les choses
et les êtres ont une influence sur I'intérieur.
Effleurant la peau par d'invisibles touchers,
leur contact s'écoule en d'infimes résonances.
Le corps lui-même, dont une force spirale s'émeut de son centre,
a lui aussi son agissement sur I'extérieur:
les odeurs ne créent elles pas en lui une variété d'émotions
et cette variété d'émotions ne se tranforme-t-elle pas a nouveau
en une nouvelle variété d'odeurs.
Une même fleur sentía à 2 secondes d'intervalle
ne peut avoir exactement la meme odeur,
car dans ces 2 secondes une variété infinie d'invisibles mouvements
et transtormations ont déjà participé a la qualité du corps
et détermineront la nuance de son senti.
L'extérieur n'est pas plus que le reflet des capacités
de notre monde intérieur.
Intérieur ou Extérieur,
chacun est le transformeur,
chacun est le transformé.
Si nous devons parlar de la pensée,
c'est de la chair elle-même,
des cellules, du sang, des articulations, des os, des muscles,
du sperme, des sécrétions... qu'elle provient,
ainsi que de toutes les expériences et mémoires auxquelles ella a été confrontée
de tout temps et est confrontée aujourd'hui.
Le corps, si ce n'est que de lui, est un être amoral;
mais cette non-reconnaissance
que la pensée naît de lui amèna cette dernière à l'engrosser,
le boursouffler d'une surconsommation de pré...
prétexte, prétention, prétendu, préférence, prévisoire, préparation, préjugé...
tous ces pré...
quelque chose qui tendent à nier la réalité du temps
(l'instant, le maintenant)
pour le projeter dans une idée du futur.
Et de I'idée nait la morale.
L'on en oublie même de se mettre en amour,
comme on se met en calera : en faisant des gestes.




***

Marie-Pierre Guillon - France

LANGAGE MÉTALLlQUE

Le métal brillant et sobre,
reflète la lumière en la déformant.
la voilant comme à travers un nuage léger de brume blanche.
Métal blanc, reflets laiteux,
les éléments extérieurs a lui, se reflètent à sa surface,
comme des masses vagues, sombres ou claires.
Faire parler ce métal blanc,
exciter son apparence rigide et tintante,
pour qu'il exprime ses sons.
Utiliser ses capacités lumineuses et auditives,
sera l'expérience que nous tenterons lors de cette performance.




***

MONIQUE HÈBRÉ - France



Temps en suspension entre la vie et la mort,
moment d'extrême convergence.


***

TAKUYA ISHIDE - Japon




L'espace entraîne le corps dans ce théâtre et le met au pilori.
Le corps, qui était rempli du temps que jene pouvais pas montrer aux autres.
Dans une tache de salive laissée par lui,
seule et oubliée,
I'expression est conquise.


***

MARIE KAWAZU - Japon/France



***

LUC LEROUGE - France

Vincent dit:
Toujours pourquoi ...
Toujours ces questions sans réponse!
Le choeur:
Inutile!
Vincent:
Sans réponse ...
Ces questions ... La question ...
Les corbeaux:
Quoi.
Vincent: La question...
Les corbeaux:
Quoi?
Quoi?
Quoi?!
(extrait de Champ de blé avec corbeaux, M.S. Gille)




***

CATHERINE MEZIAT - France

Toujours chercher la faille par où
s'engouffrer.
La, peut-être, y-a-t'il quelque instant
lumineux.
La couleur, la matière, la lumière sont
des moyens
Pour se retrouver au milieu du lac,
Emmener les sutres avec soi.
Et la, sur cette fragile frontiere liquide,
Entre l'éclat et l'ombre, parler des
[éblouissements,
De la violence, de l'amour et du monde,
Parler encare du vide, des mouvements
[désordonnés
Engendrés par ce vide.
Les lents mouvements de la mise à nu
Devant les autres et face à soi
Justement là,
au milieu de I'eau.




***

ELISABETH MORCELLET - France

La performance représente depuis dix années,
le laboratoire moteur,
riche en expérimentation,
de la pratique artistique d'Elisabeth Morcellet.
Abordant d'autres domaines, comme la photographie
(auto-portrait, étude du corps),
l'écriture (textes poétiques, nouvelles et récits),
l'installation ou l'approche cinématographique et vidéographique,
son travail
se déplace au-dela des cloisonnements dans un renvoi continuel des genres.
Les thèmes majeurs de sa recherche,
s'appuient sur les concepts de l'amour avec son état narcissique et amoureux,
ainsi que la mémoire.
Le questionnement s'est basé tant sur le plan symbolique,
sociologique, mythologique, plastique que littéraire.
Pendant plus de huit années, elle a travaillé en solo.
Depuis un an,
interviennent dans ses performances des personnages principalement masculins.
Son étude actuelle, met en évidence
les clichés cinématographiques du rapport amoureux, homme/femme.
L'espace-temps très structuré de ses performances
introduit le visuel (projection vidéo ou diapo)
le textuel (phrases enregistrées ou lues)
et le corps (actions et gestes tres brefs).
Il en résulte un découpage en séquences dans le temps et l'espace,
dans le noir et la lumiere, dans le silence et la voix,
dans l'acte et la pose.




***

MULTITUDE - France

"LE TEMPS PRESSE/
JEU PRAGMATIQUE N° 8"


"chaleur humide de la terre
équilibres instables de la matière
marcher pour se perdre
pulsations d'air
sur la piste de mes nerfs
le temps presse
a I'infini"




chorégraphie: Annie Coridon
musique: Jean Voguet
sculpture: Christiane Blanc


intervenants:
Véronique Brechet, Annie Coridon. Geneviewe Crouzet (danse)
Jacky Detraz (percussions), Catherine Douezy (voix),
Henri Tournier(flûte indienne), Jean Voguet (guitare électrique/synthétiseur)
Christiane Blanc (action-sculpture).


***

ODY SABAN - France/Turquie

HOMMAGE AU CIREUR DE CHAUSSURE

La cireuse de chaussures
rentre en scène pour s'exprimer a l'intérieur de son acte.
Sur la scème, deux chaises, une pour la cireuse, l'autre pour la "cliente".
Ici, la personne désireuse de faire colorier ses chaussures.
Entre les deux personnages une boite ou une table en sculpture.
La cireuse de chaussures a deux pinceaux a la main.
L'un avec du rouge, l'autre avec du bleu.
En face d'elle, une paire de chaussures de femme,
à talons, sur la table ou sur la boite.
Elle émet un son aigu
quand sa main droite imprime avec le pinceau la couleur bleue,
indiquant le ciel.
Le son'descend lentement d'une tonalité haute
jusqu'à devenir un son d'estomac/plexus.
Elle lance le pinceau sur la chaussure, a plusieurs reprises.
Elle continue l'action avec sa main gauche,
pousse des cris bestiaux, animaux.
Rouge de sang.




Elle lance le rouge du pinceau
sur le côté gauche de la chaussure.
Ces deux actions,
du haut vers le bas,
et du bas vers le haut,
utilisent un rythme rituel,
aussi bien au niveau du son que de l'énergie du geste.
Une fois que les chaussures seront peintes en rouge et en bleu
la cliente partira, satisfaite.
La cireuse posera des chaussures vierges, encore non cirées,
sur l'endroit du rituel
et couvrira
toutes les chaussures avec sa veste en "boite de conserves".
Elle jettera des fleurs sur tout cela,
en tournant autour de la table ou de la boite
et en chantant en turc:
NINNI DE YAVRUM NINNI UYUSUN DA BUYUSN DE NINNI OKUL DA GITSIN NINNI.
("NINNI PETITE NINNI ENDORS-TOI ET GRANDIS, ET QUE TU AILLES Á L:ECOLE, NINNI".)
Et la cireuse de chaussures arrosera
l'endroit du rituel avec de l'eau fraiche.


***

SERVIN - France



Plasticien travaillant sur des objets de récupération -
donc avec une économie de moyens maxima -
j'ai voulu,
lorsque je me suis intéressé a la Performance,
suivre la même voie et employer le procédé le plus économique.
Puisqu'il est dit quelque part que
"au commencement était le verbe"
et ailleurs que Brahma est le son,
mon travail est tourné vers l'utilisation
de toutes les possibilités de la voix,
sans procédés de soutien quels qu'ils soient.
Mon travail est acoustique.
Mes interventions sont en général orientées vers la poésie directe,
mais tout en restant marginales
par rapport aux grands courant,
et en particulier celui de la poésie sonore.


***

R. U. Sevol - :...:/"***"/=---=/^~~~^

N-ACTIVATION 9
"TERRORISME. PRENOM : 'CARLOS'"


Depuis les années 1970
le terrorisme s'est imposé comme une menace constante.
Il est devenu un état de fait pour tous ceux
qui vivent dans des pays déchirés par des sectarismes
religieux ou idéologiques.

Bien avant que le terrorisme ait levé sa tete odieuse contre la démocratie,
le décollage et l'atterrissage constituaient les seules angoisses
des passagers appelés a prendre l'avion.
Aujourd'hui c'est l'appréhension d'un détournement terroriste
qui provoque la nausée,
et qui donne aux vacanciers un avant-gout d'amertume.
Nous sommes tous sous la menace d'un attentat terroriste,
qu'il prenne la forme d'une bombe, d'un détournement ou d'une prise d'otages.

Je me souviens d'une époque
ou la seule mentíon du nom "CARLOS"
était synonyme d'une sorte de terrorisme international mercenaire,
impitoyable dans ses méthodes.
On n'entend plus maintenant ce nom redouté,
mais qui était Carlos?
Qui l'a payé?
Ou est-il maintenant, s'il n'est pas mort?




Des portraits-robots ont été affichés
dans les commissariats des grandes villes,
le public a fait son devoir de vigilance,
et la presse a diffusé les portraits-robots
des déguisements possibles de Carlos
pour illustrer les reportages sur les crimes terroristes
qui lui étaient attribués.
Serait-il possible
que Carlos ait été une personne fictive,
inventée par des gouvernements collaborant ...
pour couvrir leurs offensives clandestines contre l'opposition?
En tout cas,
qu'il ait existé ou qu'il existe encore,
Carlos est le prénom du terrorisme.
Peut-être le père du terrorisme moderne,
un héros dangereux vénéré par les terroristes en activité,
ou le saint-terroriste.
Mais seulement peut-être.


(traduction: R. U. Sevol et Silvain Gire)

***

EA SOLA - France/Vietnam



"EN DANSANT"

Le corps,
ce bloc si étonnant,
d'où surgit plusieurs mémoires différentes,
celle de la peau, de la chair et des organes.
C'est la peau qui enveloppe la chair
et c'est la chair qui danse, en mémoire de ce que lui donne la peau,
en réaction à l'autre et pour l'autre qui est là.
C'est l'autre qui fait danser la chair. Pendant que la chair danse,
la chair est trouée, il n'ya pas de porte à ces trous,
tout rentre et sort.
Et dans une vitesse extrême, une vitesse qu'on ne pourrait mesurer,
la mémoire des organes surgit et danse:
ces organes dansant viennent d'une mémoire beaucoup plus historique
que celle de la peau et de la chair.
Ces organes peut-être dansent mon Grand-pere,
un arbre ou un pied abandonné sur la route, apres une attaque pendant la guerre
(au Viet-Nam),
ou tout simplement le vent.
Cette mémoire peut disparaître aussi vite qu'elle est venue.
Au momént où l'autre fait danser "cette chair"
et que ces trous respirent,
il s'y passe beaucoup de choses,
on pourrait dire comme si un "bavardage" se créait entre le corps dansant
et le corps de l'autre qui regarde.
Il y a des corps qui résistent,
cela donne aussi un certain autre "bavardage".
Chaque bavardage à des qualités différentes.
Avec le lieu, la nature, aussi on peut parler.
Il y a partout, dans tous les lieux et chez tout le monde,
une atmosphère.
Cette atmosphère est une chose très importante,
elle est intéressante,
elle est toujours prête a danser.
Et la danse n'est jamais seule,
elle ne se sépare pas des ames.


***

ANDRÉ STITT - Irlande du Nord/Angleterre



"AKSHUN HARDCORE: 'LA DERNIERECENE ET LE PLONGEON SEC'"

Il est dommage qu'en 1988 la masturbation soit populaire.
Et il est bien dommage qu'affrontement et sagesse
soient devenus des mots si sales.
Examen plutôt qu'interprétation.
Le calme intérieur devient de plus en plus grand.
Devancer.
Animé par la tension entre le fait de savoir que la réalité est trompeuse.
Et l'espoir que l'art peut être plus vrai.
Le retrait en prise directe.
Croisements hybrides et conflits d'identification.
Appropriation - Infiltration - Assimilation - Affiliation.
Armure hardcore.
Chaque moment par habitude, fonctionnant par habitude.
Reconstruction superficielle.
Enfants gâtés, blasés, déplacés.
Insolents près d'éteindre l'être humain.
Temps sauvage déréglé.
La période de croissance est finie et ses enfants doivent grandir.
Des glaçons et des diamants.
Le béton gagne des fissures.
Se rendre à des augures c'est ne pas prendre de responsabilité.
Quelqu'un qui dort ne peut pas dire:
NON.
ILS SAVENT CE QU'ILS N'AIMENT PAS
ET ILS NE L'AIMENT PAS PARCE QUE C'EST IMPORTANT.

Le génocide psychologique
est la destruction prévue d'un groupe avec:
l'assentiment des systemes de controle social
et l'objectif de mettre hors la loi
leur capacité à perpétuer leur propre identité.
Donc nous y voilà:
"La derníere cene et le plongeon sec."
La simulation n'est jamais ce qui cache la vérité,
elle est la vérité qui cache qu'il n'y en a pas.
Le simulacre est vrai.
Assailli toujours.
Le timbre métallique des journaux du matin,
l'auiguillage d'en avance,
la prochaine séquence, les racontars,
les discussions franches et le subliminal.
Enroule bien la sangle à baiser blanche sans tourment.
Non,
je plaisante.
Mon pénis fonctionne comme une grosse chaussette qui pue.
Aidez-moi à surmonter,
à naviguer,
à fortifier les bosses.


(extrait)

***

JORGEN TELLER - Danemark



TO THE YELLOW GATE

Une personne qui s'initie à bouger dans plusieurs réalités
revient toujours à la porte jaune.
Ce passage bouleverse ses conceptions,
à cause de la confrontation avec le non sens de la transformation.
Ma performance est faite de danse, chant et musique.


***

FRANÇOISE T. - France

S'inspirant du Jeu de l'Oie dans sa structure,
c'est à dire un labyrinthe constitué par des cases,
dont une de départ et une d'arrivée,
ce jeu de l'éléphant sera constitué par 36 cases dont dix d'éléphants.
Si l'on tombe dans l'une de ces cases on gagne une image d'éléphant
dessinée par moi;
sinon,
les autres cases seront les arcanes majeurs du tarot divinatoire;
puis, pour en finir,
quelques cases conservées du jeu de l'oie traditionnel,
telles que la tete de mort, le puits.
La case des dés sera remplacée par des chauves-souris,
mais gardera la meme signification,
doubler la mise des dés.




C'est tout d'abord un projet plastique,
a réaliser avec tout ce que j'ai engrangé comme dessins,
monotypes, pochoirs, etc.
Puis il pourra être soumis a un public en tant qu'oeuvre d'art,
mais
sera aussi un jeu, une sorte d'oracle.
Le joueur lancera les dés, tombera dans une case.
Il pourra répéter l'opération quatre fois,
les cases seront retenues,
et je devrai deviner l'avenir de chacun
comme une diseuse de bonne aventure.
C'est ici qu'intervient l'idée de Performance,
dans l'espoir d'une communication entre le public et moi-meme.


***